Complotisme et croyances conspirationnistes – conférence de Sylvain DELOUVEE
Le collectif « Ensemble on fait quoi ? » a reçu, le 31 mars dernier à l’IRTS Hauts-de-France d’Arras et de Loos, Sylvain Delouvée, maître de conférences en psychologie sociale au Laboratoire de Psychologie : Cognition, Comportement, Communication (LP3C) à l’Université Rennes 2.
Le thème de cette conférence : Complotisme et croyances conspirationnistes.
« La Terre est plate », « Les Américains ne sont jamais allés sur la Lune », « Les Illuminati dirigent le monde », « La Shoah n’a jamais existé », « Les vaccins sont un complot de l’Etat »… Tant d’exemples de théories du complot que nous avons tous déjà entendues. Si certaines peuvent prêter à sourire, d’autres sont plus inquiétantes et, bien que fausses, peuvent avoir de réelles conséquences.
Elles soulèvent beaucoup d’interrogations chez les acteurs de terrain : professionnels du travail social, de l’enseignement, de la justice…, qui peuvent être confrontés à des discours complotistes chez des publics qu’ils accompagnent. Comment y répondre ? Comment déconstruire les théories du complot ? Comment accompagner les publics, notamment les jeunes, dans l’accès à l’information ?
Sylvain Delouvée, dans le cadre de son travail sur ces sujets, passe du temps à rencontrer et discuter avec ces acteurs de terrain pour irriguer ses recherches. D’après lui, même s’il n’y a pas de solution miracle, il existe des moyens d’agir. Son objectif est d’aider à comprendre le phénomène et savoir comment agir face à quelqu’un qui tient un discours complotiste.
Définitions : complot / théories du complot / complotisme
Sylvain DELOUVEE insiste sur un point important :
« Les théories du complot ne sont pas le complotisme. On ne traite pas les deux de la même manière. Les théories du complot ne posent pas de problème, tandis que le complotisme, oui. »
1- Les complots : « Il en a existé, il en existe et il en existera »
Il s’agit d’évènements bien réels : quand un petit groupe d’individus s’entend en secret, agit dans l’ombre pour mener une action. Dans l’histoire, il y en a eu beaucoup. Par exemple : l’assassinat de Jules César en 44 av. J.-C. ; le complot du 20 juillet 1944 (tentative par des généraux nazis d’assassiner Hitler) ; le Watergate ; Snowden et la NSA…
Cela ne signifie pas pour autant que tout ce qui se passe aujourd’hui est de l’ordre du complot. Imaginer que tout est complot est un pente glissante que beaucoup prennent, pensant par exemple que la CIA serait à l’origine de toutes les catastrophes (les renversements de régimes, les attaques terroristes, les catastrophes climatiques…).
Sylvain Delouvée précise que ses recherches ne se focalisent pas sur les complots et ne cherchent pas à savoir si le complot est réel ou pas. Son objet d’étude, c’est l’explication complotiste.
2- Les théories du complot :
Il s’agit d’une théorisation naïve du monde, sur un événement particulier. Une théorie du complot est un contre récit d’un événement isolé, alternatif à la théorie officielle. Elle met ensemble des éléments pour donner du sens, elle n’a rien de scientifique mais veut imiter la science, comme le ferait un scientifique amateur. La théorie ne dépasse pas cet événement.
Par exemple : le décès de Lady Di (qui ne serait pas un accident mais un coup monté) ; l’assassinat de Kennedy (Harvey Oswald n’aurait pas agi seul), les attentats du 11 septembre 2001 (la CIA serait derrière).
Ce qui caractérise les théories du complot, c’est que la réception est passive et l’adhésion dépend du contenu, c’est très ciblé. Par exemple, une personne peut être réceptive à l’idée que la CIA aurait organisé l’assassinat de Kennedy, sans pour autant croire à la théorie qui explique que l’alunissage de 1969 fut créé en Studio par Stanley Kubrick.
« On peut croire des théories du complot sans pour autant être complotiste »
3- Le complotisme :
Il s’agit d’une vision totalement déformée du monde, qui voit des complots partout. Le complotisme n’est pas un récit spécifique à un événement particulier mais un super récit global. Au même titre que la religion, il explique tout. C’est une vision idéologique du monde.
Dans le complotisme, on a une production active, des gens qui diffusent des éléments, essaient d’en convaincre d’autres, vont sur des forums, vont manifester sur le terrain (ex : les antivax), sont dans une adhésion extrêmement forte.
Quelques exemples : les platistes ; les QAnon (mouvance conspirationniste d’extrême droite venue des États-Unis) ; la théorie complotiste des reptiliens (nous serions gouvernés par des lézards venus de l’espace qui auraient pris l’apparence humaine pour asservir l’humanité. Un ancien premier ministre Néo-Zélandais, John Key, a même dû faire une prise de sang pour prouver qu’il n’était pas reptilien, après qu’un citoyen d’Auckland ait déposé une requête officielle sur ce sujet).
Le lien entre les théories du complot et le complotisme : la structure monologique du complotisme
Il existe des liens entre les individus qui diffusent ou croient à ces différentes théories du complot. Le point commun de ces personnes : elles pensent qu’on nous ment, que nous sommes manipulés.
Si quelqu’un croit en la Terre plate, il a plus de chances de croire aussi à d’autres théories du complot, même si elles n’ont aucun lien entre elles.
« Plus on adhère à des théories du complot particulières, plus on a de chance d’adhérer à d’autres théories du complot, et donc, in fine, d’avoir une vision complotiste du monde ».
A la fin, tout leur semble lié.
Pourquoi préférer une explication complotiste à un autre type d’explication ?
Les théories du complot et le complotisme sont une explication du monde. Nous avons tous besoin de donner du sens à notre environnement, de le comprendre.
Derrière chaque événement, nous cherchons une explication, et celle-ci peut prendre plusieurs formes :
- une explication scientifique, rationnelle : sauf que la science n’a pas toujours les réponses, et pour le cerveau humain, qui a toujours besoin de sens, c’est insatisfaisant
- le hasard : notre cerveau ne le supporte pas non plus, car cela signifie ne pas avoir de prise sur un événement, c’est insoutenable. Cela explique pourquoi la théorie de Darwin sur l’évolution des espèces a tant de mal à s’implanter, car elle repose sur le hasard des mutations génétiques : c’est le hasard génétique qui fait que certaines espèces survivent et d’autres pas. Alors que la théorie de Lamarck dit que les être vivants se sont adaptés à leur environnement. Dans la mentalité néo libérale, on préfère croire à l’adaptation.
- une explication religieuse : croire que c’est la main de Dieu qui est derrière tout ce qui se passe, le hasard n’existe pas.
- une explication complotiste : croire que derrière chaque événement, il y a un petit groupe qui agit dans l’ombre.
Caractéristiques des théories du complot
1- Les intensions cachées des conspirateurs sont forcément néfastes
Il n’existe pas de théorie du complot qui aurait une visée positive, les intentions sont forcément perçues comme une menace.
2- Les conspirateurs font preuve d’une volonté manifeste de cacher la vérité
Pour les complotistes, « la meilleure preuve qu’un complot existe, c’est quand il n’y a aucune preuve ». Qu’il y ait preuve ou non, ce sera toujours un argument pour dire que le complot existe. Il est donc dans bien des cas inutile de contre-argumenter avec un complotiste. Car le complotisme est une croyance et non une connaissance, comme dans le cas d’une religion. Essayer d’avoir un débat avec des arguments scientifiques est impossible avec la plupart des théories du complot.
3- Les théories du complot contredisent une version « officielle » ou « évidente »
Le terme « évident » a dû être ajouté récemment, depuis Donald Trump et Jair Bolsonaro, deux anciens présidents de deux grandes démocraties, qui ont tenu des discours complotistes en étant en fonction, donc en représentant la parole officielle.
4- Les théories du complot lient des événements qui n’ont pas de rapport évident entre eux
C’est le principe du « millefeuille argumentatif » : accumuler des éléments pour donner l’impression de lien et raconter une histoire. Le pouvoir narratif des complotistes est très fort.
5- Les données aberrantes sont souvent les éléments de base de ces théories
Il s’agit de petits éléments contradictoires ou qui n’ont pas été expliqués dans la version officielle. Par exemple : le passeport d’un terroriste retrouvé intact au pied de l’une des deux tours des attentats du 11 septembre 2001 ; idem dans une voiture après l’attentat de Charlie Hebdo en 2015.
Les complotistes n’ont même pas besoin d’argumenter : il leur suffit de pointer ces détails, de sous-entendre, pour semer le doute, puis ils tirent le fil, rajoutent des choses, enchaînent des éléments les uns après les autres, sans laisser le temps à la personne en face de réfléchir.
Rôle de la littérature, du cinéma et des séries
En France, le 12 juin 1994 sur M6, fut diffusé pour la première fois la série The X Files, et son slogan « La vérité est ailleurs ». Cette série amène les téléspectateurs dans un univers narratif du complot.
De nombreux films, séries, ou romans ont pour ressort narratif le complotisme. Quelques exemples : le film JFK, d’Oliver Stone ; le livre Da Vinci Code, de Dan Brown, adapté en film par Ron Howard ; le film Men in Black, de Barry Sonnenfeld ; le film Matrix, des sœurs Wachowski ; la série Mr Robot, de Sam Esmail, la série Homeland, de Howard Gordon et Alex Gansa, etc.
« Pour des jeunes, baignés dans cette pop culture, l’explication complotiste est de plus en plus facilement accessible. Et à chaque fois, dans ces histoires, on s’identifie aux héros lanceurs d’alerte. »
En 1995, les chercheurs L.D. Butler, C. Koopman et P.G. Zimbardo 1 ont mené une étude sur l’impact d’un film à la narration conspirationniste sur le niveau de croyance complotiste des spectateurs. Sur deux groupes d’étudiants, ils ont mesuré ce niveau avant et après le visionnage de deux films : le premier groupe a regardé le film JFK, le second groupe, un film non conspirationniste. Le niveau de complotisme chez le premier groupe a augmenté et pas chez le second.
Ce qui est rassurant, c’est que cet effet n’a duré que quelques heures ou quelques jours. Mais le problème est qu’aujourd’hui, avec la profusion de l’offre sur les plateformes de streaming, ces œuvres à narration complotiste abondent et sont accessibles tout le temps. A force de les regarder, on peut vite s’enfermer dans ces bulles narratives, qui finissent pas faire leur effet.
Fausses théories, effets bien réels
Le discours complotiste a un réel impact sur la société, car il peut mener :
- au rejet de la science, de l’expertise, de la connaissance. Les fausses théories mènent à une forme de relativisme, qui met au même niveau les messages d’influenceurs complotistes et ceux d’un expert, d’un journaliste, d’un Prix Nobel.
- au négationnisme
- à l’inertie ou à l’extrémisme politique, au populisme
- à la « conspiritualité », avec des pseudo médecins ou des sectes
- à la justification de la violence
« Le complotisme ne mène pas à la radicalisation, par contre la radicalisation entraîne du complotisme, une vision complotiste du monde » – précise Sylvain Delouvée
Qui y adhère ?
Est-il possible d’établir un portrait robot du complotiste ?
La question politique :
Le complotisme a longtemps été considéré comme étant le fait de personnes d’extrême droite. C’était un biais scientifique : la plupart des travaux anciens sur le complotisme étaient réalisés par des historiens, et ceux-ci s’intéressaient beaucoup à l’extrême droite, au complot judéo maçonnique. Il existe donc une importante littérature sur la rhétorique d’extrême droite autour du complot.
Mais le complotisme n’est pas propre à l’extrême droite. Il existe aussi à l’extrême gauche.
Une grande enquête a été menée en 2018 et publiée en 2022 2, à laquelle a participé Sylvain Delouvée, dans 26 pays du monde. Les chercheurs ont interrogé le niveau de complotisme et le positionnement politique des habitants de ces différents pays. Les résultats montrent que plus on se situe aux extrêmes politiques (droite ou gauche), plus le niveau de complotisme est élevé. Les thématiques diffèrent toutefois : à l’extrême droite, le complotisme s’articule autour de la stigmatisation des minorités, tandis qu’à l’extrême gauche, il vise le capitalisme.
Le complotisme sert aux « perdants » politiques, ceux qui n’accèdent pas au pouvoir.
Sylvain Delouvée précise qu’il ne s’agit pas d’une causalité mais d’une corrélation : les deux éléments sont liés mais ne sont pas la cause l’un de l’autre.
La question de la pathologie mentale :
Le complotisme est-il lié à une forme de pathologie mentale, notamment la paranoïa ? Le réponse est non.
Il est important de distinguer la paranoïa, qui est une maladie mentale grave, et l’adhésion aux théories du complot.
Une personne paranoïaque pense qu’on lui en veut à elle personnellement. Le complotisme et les théories du complot ne visent pas l’individu mais le groupe (qu’il soit national, ethnique, religieux, sexuel…).
Certes, les personnes paranoïaques sont particulièrement sensibles aux discours complotistes. Mais les complotistes ne sont pas nécessairement des personnes paranoïaques.
Il s’agit du même schéma qu’avec les personnes radicalisées : ce ne sont pas des personnes atteintes de troubles psychologiques qu’il faudrait « soigner ».
Il faut faire attention à ne pas réduire n’importe quel phénomène social à des troubles psychiques. Cela ne signifie pas qu’il ne faut pas les exclure et les prendre en compte, mais il faut aussi questionner les prises en charge, les politiques publiques.
Pourquoi devient-on complotiste ?
Il existe 3 grands modèles explicatifs :
1- Le modèle déficitaire
Le complotisme viserait à combler des manques :
- Besoins existentiels (contrôle, sécurité, pouvoir)
- Besoins épistémiques (expliquer, réduire l’incertitude, donner du sens)
- Besoins sociaux (appartenance, image de soi, statut)
La limite de ce modèle est qu’il n’est pas propre au complotisme mais il s’applique à toute forme d’engagement (religieux, politique, sectaire…).
2- Le modèle des biais cognitifs
Il s’agit des fonctionnements de notre cerveau, qui a constamment besoin de trouver du sens à l’aléatoire. Quelques exemples :
- Biais de confirmation d’hypothèses : on cherche plus à confirmer ses croyances qu’à les infirmer. Chaque personne a donc tendance à lire et écouter des choses similaires à ses propres valeurs.
- Biais de disponibilité
- Biais d’intentionnalité : chercher une intentionnalité derrière toute chose, tout comportement.
- …
Il existe des corrélations entre certains traits de personnalité (narcissisme, pensée intuitive, paranoïa, schizophrénie,…), et le complotisme, mais elles sont très faibles. Il s’agit, encore une fois, de corrélations et non de causalité. Ces traits de personnalité vont juste renforcer quelqu’un qui est déjà complotiste, ils ne sont pas l’origine du complotisme.
Il est donc inutile de lutter contre les biais cognitifs comme cause du complotisme. De plus, nous avons tous des biais cognitifs.
3- Le modèle du voyage initiatique
Ce modèle est connu dans l’approche de la radicalisation. Il s’agit ici de considérer le complotisme comme une radicalisation des croyances.
On commence par se poser des questions, puis on finit dans une forme d’enfermement, avec une vision complotiste du monde et le recours à une communauté qui pense pareil.
Le poids du groupe est important : le caractère collectif, social, joue un grand rôle dans le complotisme.
On assiste aujourd’hui à une utilisation du complotisme comme signal social. La question de la croyance aux théories du complot est devenue secondaire, ce qui importe, c’est de montrer qu’on n’est pas un « mouton ». C’est devenu une position idéologique. Il y a encore 5 ans, l’étiquette complotiste était considérée comme stigmatisante. Depuis la pandémie et la diffusion de plus en plus large des thèses complotistes, le complotisme est devenu une revendication.
Il y a aussi une forme de prosélytisme, pour rallier d’autres personnes à cette vision du monde.
Sylvain Delouvée souligne le paradoxe des complotistes, qui ont besoin d’unicité mais se comportent tous de la même façon : la même rhétorique, les mêmes arguments, ils vont sur les mêmes sites. Ils sont finalement très conformistes.
Dans ce modèle, le complotisme est vu comme une initiation, c’est une démarche active, un choix fait en conscience d’adhérer à une vision du monde.
Pour conclure : comment agir face à des personnes complotistes ou qui croient à des théories du complot ?
Encore une fois, il faut bien distinguer complotisme et théories du complot.
Dans le cas du complotisme :
Il ne faut pas traiter le complotisme de façon isolée, comme quelque chose de spécifique, comme si les complotistes n’étaient que des complotistes. Le complotisme n’est qu’une couche supplémentaire sur d’autres problématiques, qui peuvent être de la radicalisation, du terrorisme, de l’antisémitisme, du racisme… Tout est imbriqué. Le complotisme d’une personne s’inscrit dans une démarche idéologique globale.
La prise en charge d’une personne complotiste ayant fait un passage à l’acte violent de type extrême droite sera différente de celle d’une personne complotiste d’extrême gauche.
Dans le cas des théories du complot :
Des études ont montré que l’humour peut fonctionner avec des personnes qui adhèrent à une théorie du complot, surtout si celle-ci est farfelue. En revanche, l’humour ne fonctionne absolument pas avec une personne complotiste. De plus, l’humour ou la moquerie ne fonctionnant que dans des cas tellement spécifiques, il vaut mieux ne pas l’employer, au risque de renforcer encore plus la croyance de la personne.
Pour les acteurs de terrain, Sylvain Delouvée préconise plutôt d’agir ou pas en fonction du degré de dangerosité de la théorie. Par exemple, dans le cas de la négation de la Shoah, il rappelle qu’il existe une loi qui l’encadre, c’est condamnable.
Le problème, c’est le complotisme, qui est lié à une vision idéologique. Il faut que les professionnels de terrain (éducateurs, enseignants…) continuent ce qu’ils savent déjà faire : un travail éducatif.
Enfin, Sylvain Delouvée insiste sur un point essentiel : connaître des théories du complot ne signifie pas y adhérer.
« Il faut bien distinguer la notion de connaissance et la notion d’adhésion, particulièrement lorsqu’on travaille avec des publics d’adolescents. La provocation et le jeu sont extrêmement forts chez eux. Ils connaissent beaucoup de théories du complot, en parlent, les relayent parfois, mais est-ce pour autant qu’ils y adhèrent ? Cela n’est pas du tout sûr. »
Regardez la vidéo de la conférence :
- Butler, L. D., Koopman, C., & Zimbardo, P. G. (1995). The psychological impact of viewing the film JFK : Emotions, beliefs, and political behavioral intentions. Political Psychology, 16(2), 237–257. https://doi.org/10.2307/3791831[↩]
- Imhoff, R., Zimmer, F., Klein, O., António, J. H., Babinska, M., Bangerter, A., … & Van Prooijen, J. W. (2022). Conspiracy mentality and political orientation across 26 countries. Nature human behaviour, 6(3), 392-403.[↩]