« J’ai un cœur qui [se] bat » – Exposition du 6 au 17 octobre 2021
« Un an à écouter nos cœurs battre et le raconter en images et en mots ».
C’est une exposition intime, entière et emplie d’émotion que nous avons découverte hier à la maison Folie Wazemmes. « J’ai un cœur qui [se] bat » est le fruit d’un projet formidable qui a réuni des femmes, habitantes de Lille-Sud, des artistes du collectif Laboratoire d’Humanité et l’association Itinéraires, avec le soutien de la Ville de Lille.
Elles se nomment Sarra, Nesrine, Kheira, Rima, Rabia, Houria, Hayat, Mina. Durant plus d’un an, accompagnées par Zahra Ouahla, médiatrice Ecoles-Familles à l’école Wagner et véritable « fil » de ce projet, elles se sont engagées dans un dialogue avec Myriam Plainemaison, artiste du livre et Matthias Crépel, photographe. Ensemble, elles ont échangé sur leurs vies, leurs rêves, leurs désillusions, leurs désirs et attentes en tant que femmes et citoyennes.
Entre le livre et la photographie, cette exposition parle de leur force, de leur singularité et de leur besoin de transmission.
Elle parle aussi de ce qui nous unit toutes et tous, quelques soient nos origines : les joies, les peines, les manques, les espoirs, l’amour… Notre humanité, tout simplement.
Le vernissage s’est déroulé en présence d’Alexandra Lechner, adjointe au Maire de Lille en charge du quartier de Lille-Sud et de l’égalité entre les femmes et les hommes, de Slimane Kadri, directeur Général de l’association Itinéraires, de Sophie Vercoutère, directrice du Club de prévention, d’Anne Caniaux, cheffe du service éducatif de Lille Sud et d’Yvette Tison, coordinatrice des médiateurs Ecoles-Familles.
Zahra, médiatrice Ecoles-Familles : « Dans nos ateliers nous remarquions que le mot cœur revenait tout le temps, sous toutes ses formes. Nous avons d’abord pensé au titre « Jai un cœur qui bat », comme une demande de reconnaissance de leurs sentiments en tant que femmes. Puis en découvrant leurs histoires émouvantes, on s’est rendu compte que ces femmes se battaient vraiment pour s’en sortir. Voilà comment est né le titre de l’exposition.
L’écriture des textes a été une véritable coécriture, Myriam les lisait en français et je les traduisais en arabe, nous leur demandions tout le temps leur avis sur le choix des mots, pour savoir si c’était bien fidèle à ce qu’elles voulaient exprimer.
Un livre va être publié dans les semaines qui viennent (ce sera un abécédaire), pour que l’exposition sorte des murs.«
Myriam, artiste du Laboratoire d’Humanité : « Ce projet, c’est trois ans de travail. Nous avons passé beaucoup de temps ensemble, des moments très beaux, très forts. Il y a des choses importantes qui se sont échangées dans cette intimité créée entre nous. Ce sont des histoires. J’invite les gens à s’y laisser embarquer. Elles ne sont pas toujours drôles, mais la vie n’est pas toujours drôle… Elles nous ont parlé du combat qu’elles menaient pour être au monde, pour être reconnues, acceptées, pour accéder au travail, avoir une relation de couple qui soit plus équilibrée, être reconnues dedans et dehors. Ce sont des histoires de vies, des histoires humaines. Il y a une universalité : dans les déceptions, l’amour, les difficultés de l’éloignement, on a tous quelque chose de ça. »
Kheira, l’une des participantes : « C’est la première fois que je participe à un tel projet, que je parle de mon histoire. Cela fait deux ans que je suis à Lille. Quand on arrive dans une nouvelle ville, il faut s’adapter. Au début c’était très difficile pour moi, mais maintenant ça va, j’ai commencé à parler avec des gens, à m’ouvrir, j’ai fait des formations, je sors. Avant je ne faisais rien de tout cela, je restais à la maison, j’emmenais mes enfants à l’école et c’était tout. C’est mon mari qui s’occupait de tout. Maintenant je me débrouille, je travaille, je me sens plus à l’aise. »
Matthias, photographe : « Il s’est vraiment produit quelque chose dans les deux sens. Nous avons tou.te.s partagé des bouts de notre histoire intime. C’est aussi ce qui nous a fait tenir ce projet jusqu’au bout, malgré la crise sanitaire et les confinements. C’est un vrai travail collectif, chacune a été active dans ce projet, jusqu’à la scénographie de l’exposition, ce sont leurs mains, leurs visions… J’espère que des choses émergeront de ce projet, que cette exposition tournera, que toutes les femmes qui l’ont faite puissent la porter dans d’autres quartiers de Lille, dans d’autres villes. »
Slimane Kadri :
« Chez Itinéraires, nous avons des salariés qui s’engagent dans des projets, que nous parvenons à monter grâce à nos partenaires. Je suis toujours content de voir se réaliser de beaux projets comme celui-ci, qui donnent la parole aux habitants. Et c’est une belle image du quartier de Lille-Sud. Ce projet nous rappelle aussi que la France est une terre d’accueil, et que l’exil est toujours difficile. Itinéraires n’est pas n’importe quelle association : nous avons un projet et des valeurs qui sont complètement antinomiques avec les discours de campagne que l’on entend actuellement, qui captent le débat politique pour le centrer sur les questions d’immigration plutôt que de parler des difficultés qui concernent tous les citoyens, quelque soit leurs origines (les questions d’emploi, de logement, d’éducation, de santé…, qui sont nos vrais problèmes à tous, qu’on soit originaire d’ici ou d’ailleurs).
Je suis particulièrement fier. Merci pour ce travail qui porte les valeurs de vivre ensemble et de partage, peu importe l’endroit d’où l’on vient, ce qui important c’est là où l’on est et ce que l’on transmet à nos enfants. C’est très important de rappeler que tout le monde a des richesses, des capacités, quelque chose à partager, il faut juste prendre le temps de s’arrêter, de se regarder et de s’écouter, de dépasser nos préjugés, de s’ouvrir aux autres, la vie est tellement riche ! »
Exposition gratuite / visible du mercredi au dimanche, de 14h à 19h / du 6 au 17 octobre 2021. / maison Folie Wazemmes, 70 rue des Sarrazins, Lille.
Le 16 octobre, un temps fort sera organisé pour la clôture du projet, de 14h à 19h, avec la sortie du livre.