[vc_row][vc_column][vc_column_text]Mercredi 31 mai, l’Équipe Mobile d’Itinéraires a reçu une nouvelle fois Mourad Benchellali((Itinéraires avait déjà invité Mourad Benchellali dans le cadre des conférences du collectif Ensemble On Fait Quoi ?)), formateur en insertion professionnelle et engagé dans la prévention de la radicalisation auprès des jeunes. 65 jeunes, mobilisés par les ALSES des équipes éducatives d’Itinéraires, les éducateurs de quartier et l’équipe de MAJ’YC, ont écouté le témoignage de cet ancien détenu de la prison de Guantánamo.
Un témoignage édifiant
Mourad Benchellali relate son expérience marquante qui l’a conduit, à l’âge de 18 ans, à être recruté dans un camp d’entraînement terroriste d’Al-Qaïda en Afghanistan et finir emprisonné 2 ans et demi à Guantánamo, puis 2 ans et demi à Fleury-Mérogis.
Il commence son récit en décrivant le contexte dans lequel il a grandi, en parlant de son père, de son quartier et de son frère. Ce dernier va le convaincre, ainsi que son ami Nizar Sassi à partir à l’aventure en Afghanistan. Alors que son frère leur présentait cette destination comme un simple voyage touristique, la réalité s’est révélée toute autre. Une fois arrivés au Pakistan, les événements s’enchaînent et Mourad et Nizar se retrouvent rapidement dans un camp d’entraînement militaire en Afghanistan. Pendant deux mois, ils apprennent à manier des armes et rencontrent des imams, dont Ben Laden.
Une fois cet entraînement forcé terminé, Mourad souhaite retourner en France, car il ne se reconnait pas dans l’islam qui lui est présenté. Il tient à préciser qu’il n’éprouvait de haine envers personne et qu’il ne voulait pas participer à « leur » guerre, ni aux attentats suicides. Cependant, il réalise rapidement qu’il ne pourra pas rentrer en France. Il achève son entraînement militaire le 13 septembre 2001, seulement deux jours après les attentats du 11 septembre. Les frontières sont fermées et toute personne ayant voyagé en Afghanistan est considérée comme un terroriste potentiel.
Un nouveau périple commence alors : il traverse les montagnes, survivant au froid et à la faim, dans l’espoir d’atteindre le Pakistan, où il pense pouvoir expliquer sa situation et rentrer rapidement en France. Malheureusement, les choses ne se déroulent pas comme prévu. L’armée américaine avait demandé aux Pakistanais de dénoncer toute personne traversant la frontière en provenance d’Afghanistan. Mourad est donc arrêté par les militaires américains, qui le détiennent pendant deux ans et demi à Guantanamo. Après des années d’interrogatoires et de torture, il finit par être relâché et renvoyé en France.
Pensant enfin être libre, il est à nouveau emprisonné par la justice française, qui cherche à comprendre les raisons de son départ en Afghanistan. Il découvre que son père et sa mère sont emprisonnés, accusés de financer les crimes commis par son frère. Ses parents sont finalement expulsés et interdits de territoire à vie. Son frère est également en prison, soupçonné de fabriquer un poison mortel dans la baignoire de leurs parents. Ses sœurs se retrouvent seules à la maison, et la famille est déchirée.
Aujourd’hui, il partage son témoignage afin de sensibiliser les jeunes aux dangers de l’enrôlement. Il souhaite leur faire comprendre que parfois, une décision personnelle peut avoir des conséquences qui s’étendent à tout l’entourage. Il insiste sur l’importance de réfléchir attentivement avant d’agir.[/vc_column_text][vc_images_carousel images= »8845,8846,8847″ img_size= »600×500″ autoplay= »yes » wrap= »yes »][/vc_column][/vc_row][vc_row][vc_column][vc_column_text]
Un temps de questions / réponses
A la fin de son récit, Mourad Benchellali a invité les jeunes à poser toutes leurs questions. Les jeunes se sont montrés très curieux et intéressés, ils ont posé beaucoup de questions comme : est-ce que vous avez vécu cela comme une punition, ou bien comme une leçon de vie ? Comment sont les relations avec vos parents aujourd’hui ? Comment avez-vous vécu le retour en France ?
« Au moment où je vis tout cela, je suis comme dans un film. C’est des années plus tard, lorsque je sors de prison, que je me rends compte du temps qui a passé. Perdre 5 ans de sa vie, c’est beaucoup. Mais, quand on le vit, on est plutôt dans la survie, on ne réfléchit pas, on n’analyse pas ce que l’on vit. Le retour à la maison a été difficile, d’abord parce qu’on me reconnaissait, comme je suis passé dans les médias, ensuite car mes parents venaient d’être expulsés. Je n’avais plus aucun repère, et c’était triste de voir ma famille si déchirée. J’avais vécu l’enfer, et en rentrant celui-ci continuait. » – Mourad Benchellali
[/vc_column_text][vc_images_carousel images= »8844,8843″ img_size= »600×500″ autoplay= »yes » wrap= »yes »][/vc_column][/vc_row][vc_row][vc_column][vc_column_text]Si vous souhaitez en savoir plus sur l’histoire de Mourad Benchellali et Nizar Sassi, découvrez la BD « Le jour où j’ai rencontré Ben Laden ».[/vc_column_text][/vc_column][/vc_row]
