Le SPOT : l’accompagnement des mineurs en fugue et des jeunes majeurs en errance

En 2020, lors du premier confinement, le Département du Nord cherchait des solutions innovantes pour répondre à la problématique des jeunes mineurs en fugue, confiés à l’Aide Sociale à l’Enfance, qui ne pouvaient plus intégrer leur lieu d’hébergement (M.E.C.S.¹ ou familles d’accueil), par crainte d’une propagation de l’épidémie de COVID-19.

Le Département a alors sollicité l’association Itinéraires pour créer un accueil en internat. Ainsi, pendant six semaines, un « SAS fugueurs » a ouvert dans les locaux de l’internat du Collège MAKEBA, dans le quartier de Moulins à Lille, et a accueilli une dizaine de jeunes âgés de 14 à 17 ans.

Suite au succès de cette expérience, une réflexion sur l’accompagnement de ce public a émergé et le Département a confié à Itinéraires, en septembre 2021, la mise en place d’un service dédié à l’accompagnement de ces jeunes, baptisé Le SPOT.

Renouer le lien

Le projet consiste à renouer un lien avec les mineurs fugueurs confiés à l’Aide Sociale à l’Enfance et les jeunes en errance (jusque 21 ans), qui sont en rupture avec les institutions et pour qui les solutions actuelles fonctionnent peu ou pas.

L’équipe dédiée à ce projet, composée de 4 postes éducatifs et d’1 poste de psychologue, propose une nouvelle approche pour établir ou rétablir le lien avec ce public et élaborer des réponses adaptées à leurs problématiques. L’objectif est de réduire les dangers auxquels ces jeunes peuvent être confrontés.

Le local est situé au cœur du centre-ville de Lille, au 3 rue Schepers, et est ouvert aux jeunes en journée.

Dans ce lieu d’accueil à bas seuil, les jeunes ont la possibilité de se reposer, de prendre une collation, une douche, de laver du linge et de stocker leurs affaires personnelles dans des casiers sécurisés, sous le contrôle des éducateurs. Une salle équipée de transats et de couvertures permet à chacun de s’isoler, de dormir un peu et de reprendre des forces. Le local est également équipé d’un vestiaire où chacun peut choisir des vêtements.

Le travail sur les réseaux sociaux

Dans le cadre de ses interventions, l’équipe consacre beaucoup de temps à l’investigation et à la recherche des jeunes fugueurs et en errance, car il est souvent difficile d’entrer en contact avec eux. La plupart de ces jeunes ont perdu tout contact avec leur lieu de placement, leur référent de l’Aide Sociale à l’Enfance ou leur famille. L’équipe doit donc établir des contacts avec des jeunes « invisibles », dont personne n’a de nouvelles. Pour y parvenir, elle s’adapte et cherche des solutions pour les trouver là où ils se trouvent.

Depuis la création du service, l’équipe utilise beaucoup les réseaux sociaux, car c’est un terrain où les jeunes sont très actifs. Elle intervient sur trois applications : Snapchat, Instagram et Facebook.

Le travail de rue

Le travail de rue est organisé en trois maraudes par semaine dans la métropole lilloise, en se concentrant principalement sur l’hyper centre de Lille, le quartier de la gare et Euro Téléport à Roubaix, des lieux où les jeunes ont tendance à se regrouper. Selon les situations et les besoins, ce travail de rue est également effectué dans différentes villes et dans des lieux de squat.

Chaque membre de l’équipe a une approche différente. Par exemple, Nidhal EL BOURACHDI, éducateur spécialisé, utilise souvent sa guitare et ses percussions pour attirer l’attention des jeunes. Il s’installe dans des endroits où il se posent, comme l’amphithéâtre à République, les escaliers à Rihour ou devant l’Opéra. En interprétant des chansons connues, il suscite l’intérêt des jeunes, qui lui demandent de jouer leur musique préférée. Ce premier contact étant effectué, il peut alors créer du lien et présenter le SPOT.

L’accompagnement psychologique

La psychologue de l’équipe travaille sur l’ensemble des situations. Elle rencontre les jeunes seule ou accompagnée d’un autre membre de l’équipe.

Elle s’adapte au besoin de chaque jeune. La plupart d’entre eux ont déjà été confrontés au système médico-psychologique et éprouvent aujourd’hui des difficultés à s’inscrire dans un suivi thérapeutique, malgré sa nécessité. Elle essaye donc de créer des liens autrement avec ces jeunes, par exemple autour d’un repas, d’un goûter, en faisant quelques achats alimentaires, lors du travail de rue…

Pendant ces rencontres, la psychologue repère les fragilités et apporte un soutien aux jeunes qui le souhaitent. Elle travaille principalement sur les traumatismes précoces, qui surviennent pendant la petite enfance, sur les difficultés liées au lien à l’autre, sur l’attachement et la gestion des émotions.

Lorsque le jeune est prêt, la psychologue propose une réorientation vers d’autres structures afin d’enclencher un suivi plus formel.

Un travail en transversalité avec les autres services d’Itinéraires

Le SPOT peut compter sur les autres pôles de l’association Itinéraires pour répondre à ses missions. Par exemple, l’équipe peut orienter un jeune vers le dispositif MAJ’YC (Mon Avenir J’Y Crois), qui aide les adolescents de 16 à 21 ans à construire un projet professionnel et à poursuivre une formation ou un accès à l’emploi.

L’Accueil de jour Mistral Gagnant, qui accompagne des jeunes de 12 à 18 ans en décrochage scolaire, peut également être sollicité.

Un relai vers le service Entr’Actes permet aussi un accompagnement spécifique lorsque l’équipe du SPOT rencontre des jeunes en situation de prostitution ou d’usage de drogues.

Adresse du SPOT : 3 rue Schepers, 59000 Lille / Tel : 03 66 19 12 86 / Email : lespot@itineraires.asso.fr 

Permanences :

• Lundi : 13h-15h
• Mercredi : 11h-13h
• Vendredi : 14h-16h

En cas d’urgence, l’équipe est joignable du lundi au samedi jusqu’à 20h.

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